lundi 19 décembre 2011

Epouser Stephen King# 13



Fuyant la gloire j'ai repris mon métier. Rue Chassagnolle. C'est peu vous dire que j'ai maigri depuis l'époque de ma gloire. Le régime étant aujourd'hui à la banane de laiton. Et d'instinct n'ayant jamais consommé la banane crue. Me voici tombée à pic dans une fable. À table. À table. C'est le moment de sortir mon mort de l'ombre. Le mort qui me montre ce que je ne verrai ni ne toucherai de moi-même. Quel miroir dans un feuille remplie d'eau de pluie. Commençons par ses pieds devenus liquides. Et qui tiendraient dans un verre de cette eau doucement trouble. Les autres parties et ruines colonisées par les larves. S'acharnant sur la dépouille jusqu'à la troisième année. Il fait nuit noire. Nous sommes à cinquante-neuf kilomètres du premier centre habité. Assis sur le seuil de la maison il tend la main. Il tend son profil jusqu'au menton. Il dit. Je vous le promets. N'importe quel mort est le mien. N'importe quel empire. Héritage. N'importe quel naufrage tient dans mon verre. Sa langue dans ma bouche est un biscuit. Demandez-moi de garder une place dans le creux de la joue pour un quartier de mandarine. Un sucre. Une médaille. Un ruban. Un drapeau. Une récompense. C'est le fauteuil de devant. Placé en hauteur derrière l'Adjudant-Chef Trompette Major. La musique est en marche sur notre territoire aussi vaste qu'une hypothèse. Installée dans l'heureuse attente. Du jardin qui contient les paysages et ces histoires vendues pour réalité. Il dit en souriant que lui aussi est arrière petit fils d'esclave. Il dit. Je me saisis d'un début. L' Île des mauvaises gens. Et au fur et à mesure. Stylo après stylo. Séance de coloriage après séance de gribouillis. En triangles spirales carrés cercles pieds-de-poule rayures pois et machins. Le jour de gloire est arrivé. Au fur et à mesure. Comme le disait cette chanson. Je siège un sketch entre Michel Blanc et Michael Jackson. Rempotés en palmiers. Qu'on n'aille pas s'imaginer des êtres à face bestiale. Sous ma perruque en cheveux de femme j'ai la même tête que vous. La lèvre inférieure légèrement proéminente. La poitrine et des oreilles en peau de femme. Je. Mesure et organise vos chambres. Je. Bouge les socles. Je. Commémore les vivants. Je. Parle de la réalité avec des phrases simples. Je. Collecte les expériences. Je. Je. Perdais mon corps. Encore une fois. Reconnaissant les limites vite arrivées de la justice. Je. Pleurais. Pensant bêtement que les yeux sont une sortie. Ces limites-là gagnant les concours. De toute circonstance. À tous moments. Je. Vis dans ces limites tout à côté. De mon corps perdu. Cette tour ce décor de segments que. Je. Suis devenu. Avec la parcimonie des pauvres. Le. Savoir. Faire. Une chose à la fois. Le. Je. Décolle avec peine le dos de ce fauteuil. Les coudes de ces accoudoirs. À la fin de la projection. Je. Avais fondu au cours de l'interminable projection. Dans le trop étroit cinéma empli de moquettes usées. Je. M'excuse. Je. M'occupe. Souvent. D'espaces. De surfaces. Comme je m'occupe de. Personnes. Je. Aime. Inconditionnellement. C'est ça la fiction. Et. Je. En accepte malgré. Moi. Les conséquences. Je. Ferai autrement dorénavant. Je. Ai des fantômes bien élevés. Je. Les entends marmonner dans la nuit sans réussir à déchiffrer les mots. Ah. Je. Ai bu et ai tout oublié. Je. Mesure les dégâts au millimètre près. Entre deux palmiers. À gauche. À droite. Je. Suis en deuil. Je. Chemine constate et relate sans procuration. Que. Nous. Avons partagé. Les fenêtres très hautes. Avec vue sur la ville. Laquelle. Est un mur d'eau trouble. Nous. Tassés dans cette vitrine. Tout le reste. La parade. La bière L'odeur de friture et pour terminer La pluie qui s'est mise à tomber le lendemain.

mercredi 14 décembre 2011

Epouser Stephen King#12



C'est une amitié apparente de matériaux ordonnés en chantier. Leur organisation s'ouvre sur des multiples possibles. Comme une âme avec des longs bras. Dont la carnation restée pâle opèrerait des transactions. Une âme qui nous apparaîtrait dans sa fabrication constante. Une éventualité. Bâtie de pans de terre asséchée ou d'étendues de terreau tendre et humide gagné par la végétation. Guerlain. Vol de nuit. Dans le couloir du Boeing 707 les hôtesses prolifèrent impeccables dans leur fichu foulard Air France. Mousquetaires et romanesques. Leurs sourires penchés affleurent et s’offrent de part et d’autre. Droite. Gauche. Ça sent Fleur de Rocaille. Flèches d'Or. Fleur de Feu. Esbroufe. Drapée de rouge sur la page de droite. Jolie Madame. Toujours magiquement résistante aux remuements. Les cloisons les habits les relations y ont plus d'épaisseur. En les coupant nous trouvons du sang répandu. Dans les choses. Je les nettoie avec un chiffon attrapé dans cet agrégat de pages. Ça ce n'est pas de la fiction du tout. La valeur qu'a donné l'Empire à la banane. C'est un métier. Et je ne suis pas quelqu'un de cultivé. Je suis quelqu'un qui se laisse faire. Qu'on ne mange pas. Qui fabrique des philtres d'amour dans la confusion de plusieurs lieux en jonction. Qui partage sa case avec des enfants. Des vieux. Des dieux cochons. Je marie le premier venu jusqu'à ce que mort s'en suive. Sans m'étonner d'avoir à faire un jour à son fantôme. Cependant vous restez avec moi et nous restons en octobre. Réunis dans cette maison bien fraîche. Rassemblés dans cette maison spacieuse. Regroupés dans cette maison blanchie au rouleau. Par un artiste. Image immaculée d'un héros en bonne santé. Un enfant endormi sur les genoux de son grand père. Qui a analysé une image. Qui est allé chercher chez les morts. Je l'entends qui parle. Il a cette façon de conjuguer les mots. Il les fantasme avant de les intégrer à la réalité. Alors nous. Les enfants qui avons besoin de tout. Nous nous retrouvons couverts de coton. La main droite posée sur la hache de pierre. Aux aguets devant un menu culottes courtes. À nos pieds le monument couché commémore un discours révolutionnaire. Dans les creux et le plein pied de cette expérience. Par beau temps et entre les lignes. Et en tous sens. Les choses redites sont les mouches d'août qui ne cessent de s'organiser en vols bruyants. Dans une étroite cage d'escaliers que leur vol assombrit.

vendredi 9 décembre 2011

ÉPOUSER STEPHEN KING # 11



Ton oncle a trouvé femme en Afrique. Marie Brizard. Dans ta famille on dit prendre femme. Alors ton oncle a pris cette femme. Un jour il est revenu avec elle qui portait un enfant. Gabrielle Chanel. À leur descente d'avion la famille attend contre la rambarde. Lui toujours bel homme. Et la santé hâlée. Il a voyagé vu et connu. Comme ces interminables couloirs d'hôpital dans lesquels j’ avance péniblement suivant les bandes de couleur. Exemplaire avec ma tête de chien truffier. Bientôt primée. Pour te voir je chemine sur le parcours Marron. Je dois me recueillir. Bien me concentrer. La porte du texte s'ouvre. Une famille au complet longe les palmiers à grands pas. Domestique et efficace je monte la garde naturellement. Faisant preuve d’attachement sincère. Et d’affection. Un diffuseur d'huiles essentielles est en marche. Parfait pour les voies respiratoires et les spéculations de mon MacBook Air. Notre vie à chacun faisant les jointures entre les respirations. Un pas après l'autre.

jeudi 8 décembre 2011

Epouser Stephen King #10



Nous avons cette conversation sous les réverbères. Où nous exhumons les objets communs et l'étrangeté qui accompagne cette découverte. Jusque dans les revers de la veste. Et de la page qui se remplit les poches. Du feutre des chapeaux. De la laine peignée des tricots. Du coton du t-shirt contre la peau en dessous. Ce que tu me dis est inconscient et sent un tout petit peu la bière ou le dehors. C'est dit tellement bas. J'ai l'impression que le silence n'existe plus. Car ici tout se tait dans un bourdonnement. Tandis que dehors le discours se consume entre l'index et le majeur. Part en regards. En fumée calme. Cet ensemble c'est nous. Le mouvement du devenir liquide siège son corps le tien et le mien pareillement et autrement. En toi moi eux. Spectateurs de nos propres images. Dans lesquelles nous précipitons.
Barbara Manzetti